Véritable contrat passé avec les familles et les élèves, le projet d’établissement tient compte du profil des publics accueillis. En plus de détailler les objectifs pédagogiques poursuivis dans le cadre des formations, il liste les activités et moyens mis en œuvre pour la réussite éducative des élèves, ce qui permet de leur donner du sens et de la cohérence. Adopté tous les trois à cinq ans par le conseil d’administration de l’établissement, il peut être assimilé à une déclaration de politique générale de l’établissement et son contenu tient compte des objectifs, orientations et programmes académiques et nationaux.
« Intégrer ses projets de mobilités dans ce document est le premier réflexe à avoir. Cela permet de les inscrire dans la vie de l’établissement et dans les enseignements », indique ainsi Corinne Fichet-Clairfontaine, chargée de mission référente pour la mobilité de l’enseignement et de la formation professionnelle à la Drareic (Direction régionale académique des relations européennes, internationales et de la coopération) de la région académique Provence-Alpes-Côte d’Azur. « Se lancer dans l’aventure Erasmus+, c’est faire entrer l’Europe et l’international dans son établissement », poursuit-elle, insistant sur la nécessité de faire bénéficier tous les élèves de cette dynamique, « y compris ceux qui ne partent pas ».
L’ouverture à l’international de l’établissement doit par ailleurs servir la stratégie globale inscrite au projet d’établissement et doit être envisagée comme un outil pour en atteindre les objectifs. Concrètement, « il est important de décliner dans son projet d’établissement les différents bénéfices attendus en matière d’ouverture internationale, comme la montée en compétences linguistiques, culturelles et personnelles des élèves », précise Corinne Fichet-Clairfontaine avant d’ajouter : « mieux vaut éviter les objectifs trop généraux ». Présentée dans ses grandes lignes dans le projet d’établissement, la stratégie d’ouverture à l’international doit être détaillée très précisément dans le Plan Erasmus+.
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Dorénavant, les collèges et les lycées souhaitant inscrire l’ouverture internationale dans leur projet d’établissement et accéder aux subventions Erasmus+ pour organiser des échanges scolaires ou des stages à l’étranger pour leurs élèves, ou encore des séjours de formation pour leurs personnels, doivent faire la demande d’une accréditation Erasmus+. Comme elle est attribuée pour plusieurs années, jusqu’à la fin de la programmation 2021-2027 du programme, sa demande doit être accompagnée d’un Plan Erasmus+, c’est-à-dire d’une stratégie d’ouverture à l’international faisant apparaître les objectifs visés, les activités organisées et les moyens mobilisés pour y parvenir. Le guide du programme Erasmus+ définit d’ailleurs le Plan Erasmus+ comme un outil permettant d’« organiser des activités de mobilité de grande qualité dans le cadre d’un effort plus large visant à assurer le développement [de l’établissement] ».
En plus de favoriser sa candidature à l’accréditation Erasmus+, établir un Plan Erasmus+ de qualité permet de nourrir son projet d’établissement et d’en garantir la cohérence.
Pour l’élaboration de sa stratégie d’ouverture internationale et de son Plan Erasmus+, il est pertinent d’utiliser la méthode SMART. Cette méthode consiste à fixer des objectifs « Spécifiques, Mesurables, Accessibles, Réalistes et Temporellement définis » qui favoriseront le succès des activités menées, avant, pendant et après les séjours à l’étranger, et en optimiseront l’impact sur les élèves.
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Pour Corinne Fichet-Clairfontaine, la définition du projet d’établissement, tout comme la conception du Plan Erasmus+, doivent être l’aboutissement d’une réflexion approfondie et collective au sein de son établissement. Un message qu’elle diffuse régulièrement auprès de la cinquantaine d’établissements d’enseignement professionnel participant à un consortium de mobilité Erasmus+ porté par le GIP FCIP d’Aix-Marseille et soutenu par la Région Sud. Baptisé RAMSES II, il a vocation à permettre à plus de 700 de lycéens d’effectuer un stage en Europe entre 2020 et 2022. « Pour que cela fonctionne, il faut une équipe pérenne et investie. En effet, l’international ne concerne pas uniquement les professeurs de langues et le proviseur. Les gestionnaires d’établissements, les enseignants de disciplines non-linguistiques ou encore les conseillers principaux d’éducation doivent aussi participer au projet Erasmus+, à la définition de ses objectifs, de ses activités et des modalités d’évaluation », ajoute-t-elle.
Des partenaires extérieurs, comme des entreprises ou des associations, peuvent également être associés aux activités menées. Ils devront alors figurer dans le projet d’établissement et le Plan Erasmus+, tout comme les bénéfices qui sont attendus de leur participation. C’est le cas pour les lycées du consortium RAMSES II qui font intervenir l’association Eurocircle pour la préparation à la mobilité de leurs élèves. Utilisant des méthodes d’éducation non-formelles, l’association « travaille beaucoup sur les craintes, les attentes et les peurs des élèves. Beaucoup n’ont jamais voyagé et l’idée de se retrouver à l’étranger les effraie », explique Corinne Fichet-Clairfontaine.
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« Par exemple, dans le cadre du consortium RAMSES II, l’un des objectifs est d’améliorer la connaissance de l’Europe. Pour y parvenir, les professeurs de langues vont par exemple faire travailler leurs élèves sur la rédaction d’un livret de stage au retour de leur mobilité, dans lequel figureront des informations sur leur pays d’accueil. Et dès la seconde, les élèves sont préparés à leur futur séjour en Europe en étudiant les grands enjeux de l’Union européenne, ses institutions, son histoire, son économie avec leurs professeurs d’histoire-géographie », expose Corinne Fichet-Clairfontaine. De la même manière pour développer les compétences linguistiques des élèves, les enseignants travaillent autour de situations concrètes que l’on peut être amené à rencontrer à l’étranger : « un enseignant de discipline non-linguistique, comme un professeur de matières professionnelles, peut s’associer à un professeur de langue pour organiser des mises en situation professionnelle ou pour apprendre aux élèves à téléphoner dans une langue étrangère », poursuit la chargée de mission.
Rédaction d’une lettre de motivation dans la langue du pays d’accueil, élaboration d’un CV Europass, utilisation de la plateforme de soutien linguistique OLS, participation à des événements européens (#ErasmusDays, journée européenne des langues, journée de l’Europe…) etc. Ce sont autant d’activités organisées par les établissements du consortium RAMSES II, et qui peuvent figurer dans un plan Erasmus+, en fonction des objectifs initialement définis.
Dispositif du programme Erasmus+, la plateforme eTwinning offre aux enseignants de 43 pays la possibilité d’entrer en contact pour mener des projets d’échanges à distance avec leurs classes. Entièrement gratuite, elle met à disposition des outils de travail collaboratif et peut être utilisée – ou non – en lien avec une mobilité d’échanges scolaires pour renforcer les compétences linguistiques et numériques des élèves, et faire tomber les barrières. Une piste à ne pas négliger lors de la conception de son projet d’établissement et de son Plan Erasmus+
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Le projet d’établissement doit prévoir les modalités d’évaluation des actions menées. « Nous demandons aux élèves de s’autopositionner, avant et après leur séjour, sur des critères tels que l’intérêt pour leurs études, leur gain en autonomie, etc. On voit les indicateurs augmenter à leur retour », cite en exemple Corinne Fichet-Clairfontaine. Les effets des échanges scolaires et de toute autre activité internationale peuvent aussi être évalués en prenant appui sur l’étude de critères chiffrés comme les notes des élèves, le taux de réussite aux examens, le taux d’absentéisme, les vœux d’orientation formulés…
Dans le même ordre d’idée, il ne faut ne pas négliger de détailler dans son plan Erasmus+, tout comme dans son projet d’établissement, les modalités de valorisation des activités menées et des objectifs atteints : posts sur les réseaux sociaux, actus sur le site Internet de l’établissement, organisation d’une exposition photos, tournage d’une vidéo, témoignages d’élèves lors de journées portes ouvertes… Les possibilités n’ont de limite que l’imagination et il vous est même possible d’envisager la tenue d’événements dédiés, à l’image des établissements du consortium RAMSES II qui organisent, tous les ans, une cérémonie de remise d’Europass mobilité, pour certifier du séjour Erasmus+ réalisé par les élèves et des compétences qu’ils y ont développées. L’occasion de fédérer les élèves, leurs familles et les personnels de l’établissement, et de célébrer ensemble les fruits d’un projet collectif.
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