Le Programme Erasmus+ a joué un rôle essentiel dans votre parcours, et ce, dès le départ. Dans quelles circonstances ?
Durant mes études à Sciences Po Bordeaux, j’ai eu l’opportunité de faire partie d’une cohorte pilote. L’objectif était d’expérimenter un programme européen qui venait d’être créé : le programme Erasmus. Nous étions cinq étudiants à être partis à Kingston Polytechnic, dans la métropole de Londres, pour étudier les sciences politiques. J’ai adoré découvrir la manière dont les Anglais abordaient cette matière, si différente de ce qui se faisait en France. Ce fut une expérience humaine très riche. J’ai fait le choix d’y rester une année complète et de passer le diplôme de l’établissement à titre étranger. Depuis, cette expérience m’a toujours accompagnée et nourrie.
De manière générale, j’ai été en contact aux dossiers européens dès le début de ma vie professionnelle. Durant mes études à Bordeaux, j’étais conseillère à la direction de l’aménagement du territoire du Conseil régional d’Aquitaine. J’étais chargée de l’évaluation de la première phase de mise en œuvre des Programmes intégrés méditerranéens (PIM). Ils ont été lancés par la Communauté économique européenne (CEE) pour accompagner l’accueil de nouveaux pays membres. Cela m’a particulièrement intéressée et j’en ai gardé une appétence pour l’administration locale, en lien avec la dimension européenne.
Votre carrière s’illustre ensuite par de longues expériences dans le secteur de la culture. Comment s’est articulé votre cheminement ?
Après mon admission au concours externe d’administratrice territoriale, j’ai rejoint la Communauté urbaine de Strasbourg. Afin de travailler sur les questions internationales. Suite à une réorientation de la politique sociale et culturelle locale, j’ai candidaté au poste de secrétaire générale adjointe des musées de la ville. Ayant une appétence pour les arts et la culture, cela s’est fait naturellement ! Je suis restée dans le secteur culturel en rejoignant ensuite l’Établissement public du parc et de la grande Halle de la Villette. J’ai pu participé à la préparation des grandes manifestations de l’an 2000. Mais aussi, à la refonte juridique du Zénith de Paris et à l’ouverture d’une nouvelle salle de concert, le Trabendo.
La ministre de la Culture, Catherine Tasca, m’a ensuite confié le projet de la Cinémathèque française. Projet en difficulté qui a pu voir le jour grâce à un statut juridique encore peu répandu. Le GIP (Groupement d’intérêt public). L’agence a ce même statut de GIP, encore un hasard qui nous rapproche ! J’ai donc dirigé le GIP ainsi créé, de 2000 à 2004, jusqu’à l’ouverture de la Cinémathèque.
Ensuite, je suis devenue directrice adjointe des Affaires financières et juridiques du Musée du Louvre jusqu’en 2007. J’ai eu l’opportunité de travailler sur la valorisation du patrimoine matériel et immatériel de l’établissement. Après avoir intégré le secrétariat du ministère de la Culture, en tant que cheffe de la mission du contrôle de gestion. J’ai poursuivi mon parcours dans le secteur culturel, en devenant directrice adjointe de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs (ENSAD).
Avec ce poste s’ouvre une nouvelle étape dans votre itinéraire professionnel, consacrée à l’enseignement supérieur et à la formation…
J’ai été sollicitée par l’ENA qui recherchait quelqu’un pour porter la formation continue de l’école, avec un regard extérieur. C’est avec cette expérience que j’ai quitté le secteur de la culture au profit de celui de la formation. C’était passionnant car je disposais d’une grande liberté. En effet, j’ai pu inviter des conférenciers rencontrer des hauts fonctionnaires de toutes nationalités. Mais également à accueillir les premiers élèves afghans ! Egalement chargée de la formation des officiers souhaitant basculer dans le secteur civil, j’ai découvert la politique de défense nationale. C’est ce qui m’a donné envie de rejoindre la Réserve citoyenne. Et par la suite, devenir auditrice de l’Institut des Hautes Études de Défense nationale (IHEDN).
Après dix-huit mois (2014-2015) en tant que secrétaire générale de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF), où j’ai retrouvé une forte dimension internationale. J’ai rejoint la mission de la politique de l’encadrement supérieur du secrétariat général des ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement Supérieur. Il s’agissait de mettre en place un accompagnement des carrières pour les cadres supérieurs de l’administration centrale. Mais aussi des universités et des CROUS. J’ai dû concevoir et de mettre en œuvre un accompagnement spécifique destiné aux recteurs nouvellement nommés afin de leur donner rapidement tous les outils nécessaires à leur prise de fonction.
Il est une dimension que je souhaite souligner en particulier au sujet de ma trajectoire : je suis très attachée à l’égalité femmes-hommes. Et il se trouve que tout au long de mon parcours, à quelques exceptions près, j’ai été recrutée par des femmes, des modèles inspirants !
Votre retrouvez l’Agence Erasmus+ France / Éducation Formation en 2020. Dans quel cadre ?
J’ai souhaité rejoindre l’Inspection générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche. Cela me tenait à cœur, car il me semblait essentiel de connaître l’Éducation nationale sur le terrain. J’ai occupé les fonctions de correspondante académique auprès de la rectrice de la région académique de Nouvelle-Aquitaine. Parallèlement j’ai dû travailler avec l’agence en 2020 et 2021.
Cette expérience m’a donné une connaissance approfondie de l’agence et de ses actions. Le constat de sa bonne gestion et les rencontres humaines que j’y ai faites ont fortement pesé dans ma décision de présenter ma candidature au poste de directrice. Mes nouvelles missions sont à la croisée de mes expériences professionnelles. J’aime les défis et la gestion de projets : cela a aussi été le fil rouge de ma carrière.
Quelles sont à présent vos aspirations pour l’agence ?
Il est primordial, tout d’abord, de conforter sa bonne gestion. Le défi majeur qui se dessine est de faire face à la forte montée en charge du programme. En effet, l’objectif sur la programmation 2021-2027, est de financer 10 millions de mobilités dans toute l’Europe. Ce qui équivaut à autant qu’en 35 ans d’existence !
Il est nécessaire de renforcer l’incarnation d’Erasmus+ et d’aller au-devant des porteurs de projets, notamment via les bureaux territoriaux Erasmus+. L’objectif est de toucher tous les publics. Ce qui comprend ceux qui ont le moins d’opportunités et se sentent éloignés de la mobilité. Il s’agit de battre en brèche les idées reçues. Notamment cette croyance qu’Erasmus+ serait uniquement pour les étudiants aisés. Travailler avec les lycées professionnels, les centres de formation d’apprentis ou encore les établissements en zones rurales…. Cet axe est capital, d’autant qu’il recouvre l’une des quatre grandes priorités du programme : l’inclusion.
Je crois aussi beaucoup en notre mission fondamentale : développer le sentiment d’appartenance à l’Europe. Une volonté qu’Emmanuel Macron, a exprimée avec force lors de son discours prononcé en Sorbonne en 2017. Pour poursuivre ces objectifs, une collaboration étroite avec l’Agence Erasmus+ France / Jeunesse & Sport est indispensable.
Enfin, ma volonté est d’embarquer tous les personnels de l’agence. En poursuivant ce qui a été mis en place en termes de ressources humaines. Cela recouvre des actions très concrètes, comme la mise en place du télétravail ou le développement de la formation. J’entends également poursuivre le rapprochement avec les instances représentatives du personnel. Ces axes, je souhaite les conforter, tant dans une dimension collective, que dans l’accompagnement individuel. En effet, cela a été au cœur de mon savoir-faire durant des années.