Créé par la Commission européenne en 1987, le programme Erasmus – qui s’est depuis élargi pour devenir Erasmus+ – célèbre bientôt ses 35 ans. Un anniversaire qui s’inscrit dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne (PFUE) et dans le contexte d’un budget en forte augmentation sur la programmation 2021-2027.
Laure Coudret-Laut, directrice de l’agence Erasmus+ France / Éducation Formation dévoile la teneur des célébrations prévues. Elle détaille également les axes de travail prioritaires de l’agence en 2022, au premier rang desquels la mise en œuvre d’une promotion toujours plus proactive, afin d’élargir encore l’accès au programme pour les publics les plus éloignés de la mobilité.
Que prévoit l’agence Erasmus+ France / Éducation Formation à l’occasion de l’anniversaire du programme ?
Laure Coudret-Laut : Un événement interministériel, placé sous le haut patronage du président de la République, Monsieur Emmanuel Macron, se tiendra le 20 janvier 2022 à la Maison de la radio et de la musique à Paris, en présence de représentants des autorités françaises, européennes et internationales. Organisé par l’agence Erasmus+ France / Éducation Formation, en partenariat avec l’agence Erasmus+ France / Jeunesse & Sport, cet événement festif sera accessible à toutes et tous. En effet, si les contraintes sanitaires imposaient de limiter le nombre d’invités en présentiel, nous avons prévu une diffusion en direct et en streaming accessible depuis notre chaîne Youtube.
Cette célébration a été pensée en deux temps. Nous donnerons la parole aux acteurs, c’est-à-dire aux organisations et établissements porteurs de projets, ainsi qu’aux bénéficiaires directs. Ils/elles valoriseront les résultats du programme dans tous les secteurs qu’il couvre – enseignement scolaire, enseignement et formation professionnels, enseignement supérieur, éducation des adultes, jeunesse et sports – à travers la mise en avant d’une série de projets emblématiques.
Une seconde séquence s’articulera autour des résultats de notre consultation citoyenne entamée au début de l’automne, le « Forum citoyen Erasmus+ : vers un droit à la mobilité européenne pour tous ». 70 personnes, dont beaucoup de jeunes, y ont participé. Nous avons souhaité connaître leurs attentes pour l’Erasmus+ de demain, mais aussi les faire travailler ensemble pour faire émerger des propositions concrètes. Ces propositions sont au nombre de 35 et nous les dévoilerons le 20 janvier.
Comment ont été sélectionnés les participants à ce forum citoyen Erasmus+ ?
Laure Coudret-Laut : Nous avons mis en présence des profils variés, à l’image de la diversité des publics éligibles au programme Erasmus+ : étudiants boursiers, apprentis, lycéens de filière générale, demandeurs d’emploi, adultes peu qualifiés, volontaires européens du service civique ou du corps européen de solidarité, enseignants, formateurs… Nous avons également veillé à ce que tous les territoires soient représentés, et au respect d’une parité parfaite entre femmes et hommes.
Parmi les participants, 35 d’entre eux ont eu l’occasion d’effectuer une mobilité dans le cadre du programme Erasmus+, tandis que les 35 autres n’en ont jamais bénéficié. Il était essentiel de donner la parole à ces derniers afin de comprendre ce qui a pu bloquer. Identifier les freins à la mobilité est en effet un axe sur lequel nous travaillons, notamment dans le cadre des Notes de l’Observatoire Erasmus+. « Je ne savais pas que j’étais concerné », « Mon établissement ne m’a pas informé de cette possibilité »… Ces éléments nous sont extrêmement utiles ! C’est pourquoi, lors du Forum, des séquences de travail ont été réservées pour permettre à ces non-bénéficiaires de travailler entre eux sur trois thématiques : leur rêve de mobilité, les obstacles qu’ils identifient, et enfin, les besoins pour faire du rêve une réalité.
Comment a été organisé ce forum citoyen et sur quels thèmes portent les propositions qui en ont émergé ?
Laure Coudret-Laut : Guidés par un consultant, les participants ont échangé présentiel pendant deux jours pour émettre des propositions, qu’ils ont ensuite affinées en poursuivant les discussions sur une plateforme en ligne. Le 26 novembre, à la suite de notre conférence « Débuter dans Erasmus+ », des représentants de l’agence ainsi que des membres du conseil d’orientation de l’agence, le Cercle Erasmus+, ont échangé avec une dizaine d’entre eux afin d’opérationnaliser encore davantage les propositions. Les 35 propositions s’articulent autour de cinq axes :
Une fois dévoilées, comment ces propositions vont-elles être prises en compte ?
Laure Coudret-Laut : Nous souhaiterions les inscrire dans la Consultation citoyenne menée dans le cadre de la Conférence sur l’avenir de l’Europe. L’objectif de ces propositions est qu’elles servent aussi de base à un travail commun avec nos collègues des autres agences Erasmus+ européennes. C’est pourquoi nous en avons d’ores-et-déjà prévu une traduction en anglais !
Certaines recommandations peuvent cependant donner lieu à des réflexions plus immédiates portées par des parlementaires européens, ou être mises en œuvre directement par nos propres établissements. Notre état d’esprit, pour cette célébration du 35ème anniversaire d’Erasmus+, est véritablement de faciliter le dialogue entre les participants au forum citoyen, les acteurs du programme et les représentants des autorités françaises, européennes et internationales qui seront présents.
Une communication auprès du grand public est-elle envisagée à l’occasion de ce 35ème anniversaire du programme ?
Laure Coudret-Laut : Nous prévoyons le lancement, début janvier, d’une campagne médiatique nationale qui s’adressera aux citoyens, et en particulier aux jeunes les plus éloignés de la mobilité ainsi qu’à leurs familles. Pour les toucher, nous allons notamment cibler les réseaux sociaux. Nous comptons diffuser des messages corrigeant certaines idées reçues qui perdurent autour du programme – par exemple « Erasmus+ n’est pas pour moi si je suis apprenti ». L’objectif est de faire de la pédagogie en communiquant d’une façon différente. Les supports et formats seront variés, et nous souhaitons travailler avec des influenceurs.
L’inclusion est l’une des priorités du programme 2021-2027, et il est important de commencer très tôt à faire savoir aux jeunes éloignés de la mobilité qu’ils peuvent eux aussi bénéficier d’Erasmus+ !
Les 35 ans d’Erasmus+ s’inscrivent dans le cadre de la présidence française du Conseil de l’Union européenne qui démarre le 1er janvier 2022. Comment le programme s’inscrit-il dans les axes stratégiques de cette présidence ?
Laure Coudret-Laut : Le programme Erasmus+ est mentionné dans les priorités dévoilées le 9 décembre dernier lors de la conférence de presse du président de la République. On le retrouve dans le troisième axe,« Une Europe à taille humaine », qui prévoit un investissement dans la jeunesse « avec l’élargissement du programme Erasmus+ ».
Soulignons également qu’il existe une vraie articulation entre les lignes fortes du projet européen, et leur déclinaison dans les différents programmes. L’inclusion, la citoyenneté, la transition écologique, la transformation numérique… les priorités du programme Erasmus+ sont en cohérence avec celles de l’Union européenne !
Un anniversaire qui s’articule avec deux événements de la PFUE Tout au long de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, près de 400 événements se tiendront partout en France afin de rendre l’Europe concrète pour les citoyens et de promouvoir l’image, la culture et le patrimoine français en Europe. Ainsi, le 19 janvier 2022, en lien avec la célébration des 35 ans du programme Erasmus+, le ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports organise, à la Sorbonne, une conférence intitulée « Osons la mobilité ! », dédiée à la reconnaissance des compétences acquises à l’étranger. Le 20 janvier au matin, se tiendra, au Cnam, une seconde conférence, « Nouvelle génération Erasmus : développer la mobilité des apprentis », sous l’égide du ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion. |
Quels sont les axes de travail prioritaires de l’agence Erasmus+ France / Éducation Formation en 2022 ?
Laure Coudret-Laut : Nous allons continuer d’œuvrer pour le développement de la mobilité des apprentis, enjeu qui été réaffirmé à l’occasion des États généraux de la mobilité des apprentis, en septembre dernier. Nous souhaitons également accompagner la mise en œuvre des propositions du rapport de la mission gouvernementale confiée par le Premier ministre à la députée européenne Ilana Cicurel : « Faire de l’école le cœur battant de l’Europe ». Celui-ci préconise, d’une part, la systématisation d’une mobilité européenne pour les futurs enseignants en formation initiale, et d’autre part, que l’ensemble des établissements scolaires développent au moins un partenariat avec un établissement européen d’ici 2022.
D’autres sujets vont nous mobiliser, en lien avec les priorités du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Citons notamment les « Universités européennes », une action Erasmus+ soutenant l’émergence de réseaux européens d’universités visant à permettre aux étudiants de mener des études dans plusieurs pays et d’obtenir un diplôme conjoint. Un nouvel appel à propositions vient d’être lancé. Concernant la dimension internationale du programme, nous aurons accès, en 2022, à des financements provenant des instruments de la politique extérieure de l’Union européenne. Cela nous permettra de continuer la promotion active que nous avons développée vers le continent africain et les Balkans.
Enfin nous souhaitons plus que jamais nous placer dans une démarche de promotion pro-active. Il s’agit d’une part d’attirer de nouveaux publics – c’est l’objectif de notre campagne – mais aussi de faire découvrir d’autres facettes du programme aux acteurs déjà engagés dans Erasmus+. Nous visons à développer la mobilité des enseignants dans le cadre de leur formation, des futurs professionnels de santé ou encore des étudiants des sections de technicien supérieur.
Un budget de 282 M€ en 2022 En 2022, ce sont 282 M€ qui sont décentralisés à l’agence Erasmus+ France / Éducation Formation, pour financer des actions de mobilité et de partenariats, soit : – 245 M€ pour la mobilité des apprenants et personnels ; – 29 M€ pour les partenariats de coopération ; – 6 M€ pour les partenariats simplifiés. À cette somme s’ajoutent 21 M€ issus des instruments financiers de la politique extérieure de l’Union européenne pour les mobilités entrantes des apprenants et des personnels de l’enseignement supérieur issus des pays tiers (ex mobilité internationale de crédits). Pour mémoire, le budget européen d’Erasmus+ sur la programmation 2021-2027 est de 26,2 Mds€, en hausse de 80 % par rapport à celui de la période précédente (2014-2020). |