La barre des 2 millions Erasmus+ au départ de la France vient d’être franchie. Un chiffre qui reflète le fort engouement pour le programme qui, année après année, enregistre des records de candidatures et de mobilités. Point sur les résultats consolidés de l’année 2024 et les tendances 2025.
En 2024, près de 164 000 mobilités ont été réalisées au départ de la France, contre 142 000 en 2023, soit 15 % de plus. Une augmentation en très grande partie soutenue par le secteur de l’enseignement scolaire, dont le nombre de mobilités a crû de près de 20 000 en un an. Les mobilités de groupe des élèves y sont pour beaucoup, avec près de 42 000 mobilités en 2024, contre 24 500 l’année précédente. Autre augmentation significative : les mobilités courtes des apprenants du secteur de l’enseignement et formation professionnels. Au nombre de 30 781 en 2023, elles ont atteint plus de 34 400 en 2024.
Côté enseignement supérieur, la mobilité des personnels rencontre un succès grandissant (+ 41 %). Le secteur de l’éducation des adultes connait lui aussi une belle progression : + 71 % pour les activités de job shadowing des personnels (observation en situation de travail) et + 175 % pour les mobilités de groupe des apprenants adultes.
L’action de partenariats Erasmus Mundus vise à renforcer l’excellence et l’internationalisation des établissements d’enseignement supérieur par le biais de programmes de masters conjoints ouverts aux établissements d’autres pays du monde. En 2024, 1/3 des masters sélectionnés étaient coordonnés par un établissement français et 70 % des masters financés impliquaient au moins un établissement français. Quant aux actions préparatoires, elles sont aussi l’apanage des établissements français qui portent 7 des projets retenus.
Accéder à l’article « Zoom sur les stratégies internationales développées par l’enseignement supérieur grâce à Erasmus+ »
Avec 18 % de participants aux mobilités déclarés comme ayant moins d’opportunités en 2024 (contre 15,7 % en 2023), la priorité « inclusion et diversité » trouve un écho favorable auprès des structures bénéficiaires. Il existe toutefois des disparités entre les secteurs. Le pourcentage de participants avec moins d’opportunités déclaré par l’enseignement supérieur est faible (11 %), étant actuellement limité aux boursiers sur critères sociaux (échelons 6 et 7).
La priorité « environnement et lutte contre le changement climatique » connaît un vrai succès auprès des structures bénéficiaires qui déclarent, en 2024, plus de 25 % de participants aux mobilités utilisant des modes de transport moins émissifs. Ce pourcentage monte à 50 % dans le secteur de l’éducation des adultes et à 43 % dans celui de l’enseignement scolaire. Leurs taux élevés s’expliquent par leurs choix de destinations moins lointaines et par l’organisation de mobilités groupées qui facilitent l’utilisation du train ou du bus.
L’appropriation de la priorité « transformation numérique » demeure plus timide, avec seulement 3,5 % des mobilités qui recourent à un format hybride en 2024. Ces mobilités mixtes, qui incluent à la fois des mobilités physiques et des activités virtuelles, rencontrent davantage de succès dans l’enseignement supérieur que dans les autres secteurs, avec 8 % de mobilités hybrides déclarées, notamment par le biais des « programmes intensifs hybrides ». Les établissements d’enseignement supérieur progressent aussi sur la digitalisation des contrats pédagogiques qui montent à 55 % en 2024-2025 (contre 45 % en 2023-2024).
Enfin, les structures bénéficiaires se saisissent bien de la priorité « participation à la vie démocratique, valeurs communes et engagement civique ». En 2024, elles étaient 38 % dans le secteur de l’éducation des adultes à déclarer que leur projet était en lien avec la priorité, et 32 % dans le secteur de l’enseignement scolaire.
Longtemps rattachées uniquement à l’enseignement supérieur, les actions Jean Monnet ont été ouvertes aux secteurs de l’enseignement scolaire et de l’enseignement et formation professionnels. Elles ont pour objectif d’aider les enseignants à aborder avec aisance les thèmes liés à l’Union européenne et à informer les élèves sur son fonctionnement et ses missions. En 2024, l’action Jean Monnet « Initiatives pour apprendre l’UE » a rencontré un vrai succès auprès des organismes français : près d’un tiers des projets sélectionnés en Europe étaient portés par une structure française.
Le taux de financement de la demande mesure la capacité des enveloppes budgétaires du programme à répondre à la demande des candidats. Il est calculé à partir du ratio entre les fonds alloués par la Commission européenne et les subventions demandées par les candidatures déposées. Alors qu’il était de 50 % en 2023, il est descendu à 44 % en 2024.
L’enveloppe budgétaire Erasmus+ a pourtant augmenté de 13 % entre 2023 et 2024 (+ 41,1 M€), mais cette revalorisation n’a pas suffi à contenter toutes les demandes de financement. Ces dernières ont en effet progressé de 29 % sur la même période, en raison, notamment, du grand nombre d’accréditations approuvées en octobre 2023 sur les secteurs de l’enseignement scolaire et de l’enseignement et formation professionnels.
La dimension internationale du programme rencontre par ailleurs la même attractivité avec un taux de sélection de 36 % seulement en 2024.
L’appel à propositions 2025 a été doté d’une enveloppe de 433,6 M€, soit une augmentation de + 21 % par rapport à 2024. Les premiers résultats permettent d’observer que la demande financière s’élève à 890 M€ sur cet appel à projet pour les volets Education Formation (+ 9 % par rapport à 2024).
L’Agence Erasmus+ France / Education Formation a reçu 4 782 dossiers de candidatures sur l’appel à projets 2025, dont 72 % bénéficient d’un accès simplifié grâce aux accréditations Erasmus+ et chartes de l’enseignement supérieur. Sur le budget 2025, les financements sont répartis entre les projets de mobilité à hauteur de 399 M€ (756 M€ avaient été demandés par les candidats) et les projets de partenariats avec une enveloppe de 34,6 M€ (134 M€ demandés).
Le taux de financement de la demande varie selon le secteur. Il est de 48 % dans l’enseignement scolaire (32 % en 2024), 56 % dans l’enseignement et formation professionnels (46 % en 2024) et 62 % dans l’enseignement supérieur (58 % en 2024). Dans l’éducation des adultes, l’ensemble de la demande est financé.
Malgré le travail d’optimisation des fonds, le budget Erasmus+ reste insuffisant pour satisfaire toutes les demandes, toujours plus nombreuses. C’est pourquoi, en prévision des négociations pour le prochain cadre budgétaire 2028-2034, le Cercle Erasmus+ a publié une tribune en avril dernier. Co-signée par une soixantaine de personnalités engagées pour la citoyenneté européenne, l’emploi ou encore le sport et la culture, elle appelait les institutions européennes à renforcer les moyens alloués au programme Erasmus+ en vertu de sa capacité à fédérer les jeunes générations autour du projet européen et de ses valeurs. Une demande également appuyée par France Universités dans un communiqué de presse en date du 9 juillet 2025.
L’association étudiante Erasmus Student Network (ESN) a émis des recommandations visant à renforcer Erasmus+ pour la période 2028-2034. S’adressant aux décideurs politiques et aux acteurs impliqués dans le programme, ces recommandations couvrent différents domaines tels que l’accès équitable à la mobilité, le logement abordable, la santé mentale et le bien-être, l’engagement civique, les voyages durables et les obstacles administratifs liés aux visas. De l’amélioration de la visibilité des informations sur les bourses à l’augmentation des investissements dans les infrastructures ferroviaires, le document présente des mesures concrètes destinées à améliorer la mobilité étudiante.