Pouvez-vous nous présenter votre association en quelques mots ?
Aïssa Grabsi, directeur et co-fondateur de l’association : En partenariat avec des acteurs institutionnels et des acteurs de terrain, nous mettons en place des parcours d’insertion, de formation et d’accompagnement pour les habitants des quartiers populaires de Marseille. Nous avons notamment créé Médenpharmakiné, une formation d’excellence sociale et solidaire en médecine. Gratuite, elle s’adresse aux lycéens et étudiants issus de milieux modestes.
Nous proposons aussi d’autres programmes, tels « les Daronnes prennent le large vers l’insertion professionnelle » qui permet à des femmes de découvrir les métiers de la mer, un parcours « Excellence Sciences » destiné à susciter l’intérêt des collégiens et lycéens pour les matières scientifiques avec une focale plus importante pour les filles, un dispositif d’accompagnement et d’orientation des jeunes et adultes en rupture (DAO), ou encore un Service Civique pour les décrocheurs de l’enseignement secondaire et supérieur.
Quels sont les objectifs de votre mobilité ?
Aïssa Grabsi : D’une durée d’une semaine, elle concerne un groupe de huit personnels et bénévoles de l’association. L’objectif principal est de renforcer nos compétences en anglais et nous suivons des cours auprès d’un organisme de formation.
Ce séjour nous permet aussi de « partir en éclaireurs ». Car dans le cadre de notre accréditation Erasmus+, d’autres mobilités vont suivre, au bénéfice de jeunes des quartiers et de personnels d’associations avec lesquelles nous travaillons. Cette mobilité nous permet d’avoir un aperçu concret de l’expérience qu’ils vivront et de repérer les potentielles difficultés qu’ils pourraient rencontrer afin d’adapter la préparation et l’accompagnement que nous leur apporterons.
Quelle est la plus-value de partir apprendre l’anglais en Europe ?
Yassamine Zemmari, coordinatrice au sein de Médenpharmakiné et étudiante en pharmacie : Nous sommes toutes les trois coordinatrices de tuteurs au sein de Médenpharmakiné, la prépa médecine solidaire de l’association. Maîtriser l’anglais nous permet de mieux accompagner les étudiants dans le cadre du module d’anglais qu’ils doivent valider pour passer en deuxième année.
Karima Belioute, coordinatrice au sein de Médenpharmakiné et étudiante en médecine : L’anglais est vraiment nécessaire lorsque l’on exerce une profession médicale, que ce soit pour prendre connaissance des derniers travaux de recherche ou pour communiquer avec des patients étrangers. En tant que professionnelles de santé, cette formation nous est donc utile à nous aussi.
Chiraz Karouch, coordinatrice au sein de Médenpharmakiné, étudiante en médecine : À ce titre, se former dans un pays anglophone donne une tout autre dimension à l’apprentissage de l’anglais. Pour tous les actes de la vie courante, comme se nourrir, se déplacer, s’orienter, nous sommes obligés de pratiquer et de sortir de notre zone de confort.
Avez-vous constaté des progrès significatifs durant votre séjour ?
Christophe Dracos, relations institutions et coordinateur pédagogique de l’association : Beaucoup d’entre nous avions un blocage vis-à-vis de l’anglais. Or, le fait d’entendre parler cette langue tout autour de nous, acculture notre oreille. Nous nous apercevons que nous sommes capables de comprendre et de nous faire comprendre. Conjuguée à un programme de formation qui propose une mise à niveau des fondamentaux et des exercices de mise en situation, cette expérience nous permet d’oser parler en anglais. Et pour rester sur cette dynamique, nous envisageons de continuer à pratiquer et à nous améliorer à notre retour, par exemple en menant certaines réunions de notre association en anglais !
Salim Grabsi, directeur technique adjoint et cofondateur de l’association : S’il faut quantifier la plus-value, je dirais que si nous avions suivi la même formation à Marseille, nous n’aurions pas réalisé 10 % des progrès que nous faisons à Malte.
Quels sont les autres bénéfices de cette mobilité Erasmus+ pour votre association ?
Salim Grabsi : Cette mobilité était une occasion de découvrir un pays cosmopolite qui offre une grande diversité et richesse culturelles. Plus globalement, alors que l’Europe pouvait nous sembler lointaine, le programme Erasmus+ a ouvert nos horizons. Il nous a conforté dans l’idée que beaucoup de choses sont possibles pour les habitants des quartiers populaires.
Aïssa Grabsi : Après avoir mené plusieurs projets européens dans le cadre du Fonds social européen ou de l’action Enter ! du Conseil de l’Europe, l’expérience Erasmus+ nous pousse à imaginer de nouvelles initiatives et activités pour développer les compétences de nos publics.
D’autres mobilités sont prévues, comme un séjour à Malte pour des jeunes issus des quartiers nord de Marseille. Quel impact en attendez-vous ?
Caroline Adjibou, responsable administrative et financière de l’association : À Marseille, nous constatons que de nombreux jeunes des quartiers populaires n’osent pas postuler à certains emplois, comme ceux proposés par de grandes enseignes de restauration, parce que les employeurs exigent la maîtrise de l’anglais. Ils pensent ne pas avoir un niveau suffisant et se posent eux-mêmes des limites.
Aïssa Grabsi : Ce séjour à Malte sera pour eux une occasion de faire un pas de côté et de se retrouver dans un autre milieu linguistique et culturel. En immersion, ils aborderont l’anglais différemment, ce qui devrait lever leurs freins psychologiques et leur permettre de trouver confiance en eux.
Éducation des adultesMobilitésInclusion / Publics en difficultésLangues