En quelques mots, pouvez-vous nous résumer votre expérience de mobilité Erasmus+ ?
Camille Droguet, 25 ans, basketteuse professionnelle : Je suis partie à Vilnius, en Lituanie, pendant 10 mois, en 2021/22, dans le cadre de ma formation à l’INSA Lyon, en génie mécanique. En école d’ingénieur, il est obligatoire de réaliser une mobilité au cours de son cursus. J’ai choisi la Lituanie, car c’était le plus simple pour pouvoir continuer le basket en parallèle de mes études : j’ai pu rejoindre une équipe en 1ère division là-bas. On a même été championnes de Lituanie !
Mathieu Perrin, 25 ans, pratiquant en course d’orientation à haut niveau : J’ai passé le premier semestre 2022/23 à l’Université de Jyväskylä, en Finlande, dans le cadre de mes études à l’INSA Lyon. Je voulais partir en Scandinavie car c’est LE spot en termes de course d’orientation : on y trouve le meilleur cadre d’entraînement, les meilleurs terrains. Et la Finlande m’intéressait particulièrement car le championnat du monde s’y tient en 2025. Une bonne occasion d’y prendre mes marques !
Maële Biré-Heslouis, 21 ans, spécialiste de marche athlétique : Je rentre tout juste d’une année à l’Université Charles de Prague, en République tchèque. J’ai réalisé ma mobilité dans le cadre de ma 3ème année d’études à Sciences Po Rennes et j’ai choisi cette destination pour pouvoir conserver mon projet sportif : j’avais déjà de bonnes relations avec les athlètes de l’équipe nationale tchèque et je savais que je pourrais être accompagnée pour mes entraînements.
Comment avez-vous pu maintenir votre pratique sportive pendant votre mobilité Erasmus+ ?
Camille : Mon agent, en charge de mes contrats, et qui avait déjà des contacts en Lituanie, m’a aidée à trouver une équipe prête à m’accueillir. L’INSA, qui forme beaucoup de sportifs de haut niveau, fait tout pour faciliter nos projets, en nous accompagnant et en faisant en sorte que nous partions dans de bonnes conditions. A Vilnius, les profs étaient très compréhensifs lorsque je devais m’absenter pour un stage avec l’équipe de France par exemple ou pour une compétition.
Mathieu : L’Université de Jyväskylä participe au projet Erasmus+ SAMEurope (Student Athletes Erasmus+ Mobility in Europe), pour faciliter la mobilité des sportifs. En Finlande, le système s’adaptait très bien à ma pratique : quasi tous les cours étaient à distance, avec des profs très accommodants. Tout est vraiment pensé pour être au service de l’étudiant. Et l’université m’a permis d’accéder aux infrastructures, comme le centre de performance qui a une piste intérieure, aux professionnels de santé, comme un kiné, etc. Au départ, je devais juste participer à des entraînements avec les sportifs finlandais que je connaissais d’avant et finalement, j’ai été recruté par le club d’Helsinki !
Maële : Je m’étais renseignée en amont : je savais qu’à Prague, l’université demandait beaucoup de travail personnel mais qu’il y avait peu d’heures de cours. Mon coach m’envoyait mes plans d’entraînement que j’adaptais pour pouvoir partager le plus de temps possible avec l’équipe nationale tchèque, avec qui j’avais déjà des contacts avant de partir. La coach était très flexible et l’équipe m’entourait. J’ai découvert des méthodes d’entraînement complètement différentes, nous avons beaucoup échangé et beaucoup appris – tant eux que moi !
Que vous ont apporté vos mobilités, tant sur le plan humain que sportif et académique ?
Camille : D’un point de vue personnel, j’ai gagné en confiance et en ouverture. Avant, c’était compliqué pour moi d’aller vers les gens. Pendant mon séjour, je n’ai pas eu le choix ! Et j’ai vraiment progressé en anglais. Dans ma pratique sportive, j’ai beaucoup appris d’un point de vue technique et tactique : le basket est bien différent dans les pays de l’est. Et puis je me suis rendue compte de ce que cela faisait d’arriver dans une équipe où on ne connaît personne, dont on ne parle pas la langue. Maintenant, je suis beaucoup plus attentive aux sportives étrangères qui viennent jouer en France : je fais attention à ne pas les laisser de côté et à voir si elles vont bien.
Mathieu : Ça a été une super expérience sportive ! J’ai pu faire des compétitions là-bas, mieux connaître les terrains. Être recruté dans un club finlandais a été une super opportunité. J’arrive au championnat du monde en étant mieux préparé, avec un petit coup d’avance. Au niveau universitaire, les cours étaient à la carte, donc j’ai vraiment pu apprendre des choses qui me plaisaient, sur des sujets assez divers. J’ai par exemple suivi un cours sur la sécurité des réseaux qui me sert aujourd’hui dans mon travail. La qualité de l’enseignement était vraiment bonne.
Maële : Je ne pensais pas que ça m’apporterait autant ! D’un point de vue académique, j’ai découvert une façon d’enseigner et d’apprendre assez différente de celle de mon établissement d’origine. Et les perspectives de Prague sont différentes, avec un pays que je ne connaissais pas vraiment. Je pense que le point clé, c’est l’adaptabilité et la flexibilité, qui sont nécessaires dans tous les domaines. C’est la première fois que je partais aussi loin de mes proches et de mon entraîneur. Je n’aurais peut-être pas osé si ce n’était pas obligatoire dans mon cursus. Cela peut faire peur de partir, surtout avec tout le côté sportif à gérer. Mais je recommande : on apprend énormément sur nous-même et on s’ouvre beaucoup. J’ai toujours des contacts avec les athlètes tchèques. L’une d’elles participe aux Jeux Olympiques : je vais pouvoir la voir et l’encourager – dans mon pays cette fois-ci !
Quel est votre meilleur souvenir ?
Camille : J’en ai pas mal, mais sans doute quand on a été championnes de Lituanie ! Un moment fort. Et les émotions passent, même sans parler la même langue !
Mathieu : Plus qu’un souvenir, c’est un lieu qui reste : la colline Laajavuori. C’était mon terrain principal d’entraînement et de détente. On allait se balader là-haut, profiter de la vue panoramique sur toute la ville. On se rend compte que la ville est incrustée dans la forêt : c’est une vision très différente de la société et de la place de l’Homme. Ici l’Homme est partout, il a façonné les paysages. Là-bas, c’est l’inverse !
Maële : Être à Prague est assez stratégique pour voyager en Europe centrale. J’ai pu faire des compétitions, me déplacer avec l’équipe tchèque. Et c’est vraiment génial de pouvoir rencontrer nos concurrents directs, partager des moments hors entraînement, voir un film, se promener, manger ensemble. On constate la dimension humaine du projet sportif et du sport de haut niveau, c’est quelque chose de central.
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