Initié par la Commission européenne et coordonné, en France, par l’Agence Erasmus+ France / Éducation Formation, l’AEFA œuvre à la création et à l’expérimentation de nouveaux outils pour appuyer les professionnels de la formation des adultes, en lien avec les priorités nationales. Le réseau rassemble ainsi des acteurs clés de la formation et de l’insertion professionnelle.
Parmi eux, le ministère du Travail et de l’Emploi, représenté lors de l’évènement par Rachel Bécuwe, adjointe au délégué général à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP). « La création du Compte personnel de formation (CPF) en 2014, figure au titre des grandes avancées de ces dix dernières années, avec l’idée de permettre à chacun de s’autonomiser et de choisir soi-même sa formation », a-t-elle rappelé, indiquant qu’à ce jour, 9 millions de dossiers ont été acceptés, pour un engagement s’élevant à 11 Mds €. « L’effort a particulièrement été axé sur les moins qualifiés puisque l’on constate que le CPF est aujourd’hui utilisé par 82 % de non-cadres », a-t-elle ajouté.
Au nombre des réformes marquantes, elle a également cité la simplification de l’accès au dispositif de Validation des acquis de l’expérience (VAE) grâce à la mise en place de la plateforme France VAE, ainsi que l’instauration du dispositif CléA, « qui permet aux personnes les plus éloignées de l’emploi d’accéder à une première certification pour pouvoir suivre d’autres formations par la suite », 89 000 certifications ayant été délivrées depuis 2016.
Poursuivant sur cette dynamique, le ministère du Travail et de l’Emploi s’engage actuellement aux côtés des régions dans une nouvelle génération de Pactes régionaux d’investissement dans les compétences (PRIC) — déclinaisons territoriales du Plan d’investissement dans les compétences (PIC), initié en 2018. « L’État co-investit et contractualise avec les régions, afin d’améliorer l’accès à la formation pour les publics éloignés : demandeurs d’emploi peu diplômés, bénéficiaires du RSA, travailleurs handicapés, séniors… Cela permettra de mettre en place des formations aux compétences de base, préalables à l’accession à l’emploi, et des formations liées à des métiers qui recrutent », a détaillé Rachel Bécuwe.
Vincent Donne, chef de projet Formation professionnelle et Compétences à France Stratégie, a souligné plusieurs évolutions récentes dans les stratégies ciblant les publics moins qualifiés. « Ces dernières années, l’approche par compétences, pensée initialement pour les salariés, s’est orientée de plus en plus vers l’inclusion. Elle est désormais envisagée comme un marchepied vers la qualification », a-t-il déclaré.
Selon lui, la nécessité d’accompagner les personnes les moins qualifiées dans leur évolution professionnelle s’est également imposée : « l’égal accès aux dispositifs de reconversion est un enjeu pour les pouvoirs publics, notamment avec l’allongement de la durée du travail et les problématiques de pénibilité ». Constatant un meilleur accès à la formation, il considère que « le prochain défi sera d’aller plus loin, en améliorant la qualité des formations et l’accès à la certification, l’objectif final étant la qualification et l’employabilité de ces publics. »
De son côté, Céline Jambon, chargée de mission au sein de la direction Emploi Affaires sociales et Inclusion de la Commission européenne, a rappelé les grands cadres fixés par l’Europe, en particulier la Stratégie européenne en matière de compétences (2020-2025) dans laquelle s’inscrit l’AEFA, et qui définit « 12 actions clés pour développer l’accès à la formation ». Elle a par ailleurs indiqué que les institutions européennes ont fixé « un objectif de 60 % d’adultes participant à une formation chaque année d’ici à 2030 » et précisé que le taux européen était de 39,5 % en 2022, et de 50 % en France.
Parmi les textes traduisant les orientations européennes sur la thématique, Céline Jambon a évoqué la Résolution du Conseil de l’UE sur un nouvel agenda européen dans le domaine de l’éducation et de la formation des adultes (2021). « Celui-ci met notamment l’accent sur les défis liés aux transitions écologique et numérique » et « encourage les employeurs à jouer un rôle plus actif dans le perfectionnement et la reconversion professionnelle », a-t-elle souligné.
En juillet 2024, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé, dans le cadre de ses orientations politiques pour 2024-2029, une « Union des compétences ». Axée sur l’investissement, l’éducation des adultes et l’apprentissage tout au long de la vie, cette Union des compétences « prendra la suite de la stratégie européenne actuelle au-delà de 2025 », a exposé la chargée de mission.
Nelly Fesseau, directrice de l’Agence Erasmus+ France / Éducation Formation, qui coordonne l’AEFA en France, a tiré « un bilan extrêmement positif de ce dispositif après 10 ans d’existence ». « Celui-ci permet de mettre en réseau tous les acteurs impliqués dans l’accès à la formation des publics qui en sont le plus éloignés, ce qui est décisif pour éviter les fonctionnements en silos », a-t-elle déclaré. Pour elle, ces échanges entre acteurs « permettent d’élaborer des outils concrets », comme le référentiel de compétences RECTEC qui a été « repris par France Travail et intégré à l’outil Diagoriente », une plateforme d’aide à l’orientation et à l’insertion professionnelle.
La directrice a également mis en valeur la diversité des thématiques qui ont été abordées pendant ces 10 années, citant l’inclusion numérique, l’action de formation en situation de travail (Afest), ou encore l’accompagnement des situations d’illettrisme.
La table ronde a montré qu’après 10 ans d’existence, l’AEFA s’est imposé comme un instrument d’innovation et de coopération, au service de l’articulation entre les politiques nationales et européennes. À l’heure où la formation des adultes peu qualifiés s’envisage comme une réponse aux grands défis actuels, les travaux de l’AEFA s’annoncent plus que jamais indispensables.
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