« La thématique qui nous réunit est une priorité pour notre agence et les autres agences Erasmus+ européennes » qui « se positionnent comme des moteurs d’innovation au service de cette ambition » a déclaré Nelly Fesseau en ouverture de la première journée d’échanges. « En effet, le programme Erasmus+ et le Corps européen de solidarité constituent des outils puissants, qui offrent aux jeunes citoyens des opportunités d’apprendre et de s’engager », a complété Mathieu Roumégous, directeur de l’Agence Erasmus+ France / Jeunesse & Sport.
Citant une étude de l’ADEME, il a révélé que si 79 % des 15-25 ans accordent une grande importance à la protection de l’environnement, ils ne sont encore que 9 % à être actifs au sein d’une association dédiée. Cette conférence a donc été l’occasion de valoriser les opportunités existantes tout en misant sur l’intelligence collective pour favoriser « la contribution des nouvelles générations à l’émergence d’une société plus inclusive, durable et prospère », selon les mots d’Hervé Liberman, conseiller régional et président de la commission Sport à la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Une première table ronde a permis d’examiner les impacts de la transition écologique sur l’évolution des compétences. Ainsi, selon Deirdre Hodson, responsable des politiques à la direction générale Éducation, Jeunesse, Sport et Culture de la Commission européenne, « si l’on constate l’émergence de nouveaux métiers, il est important de souligner que tous les emplois sont impactés. Ce sera de plus en plus le cas dans le futur ». « Plus globalement, il s’agit d’une transformation sociétale qui touche chaque citoyen, quel que soit son âge ou son niveau de qualification », a-t-elle ajouté. Elle rappelle ainsi que la Commission européenne a publié, en 2022, un Cadre européen des compétences en matière de durabilité (« GreenComp ») conçu pour étayer les programmes d’éducation et de formation en Europe.
Plusieurs exemples ont été mis en avant pour illustrer la manière dont Erasmus+ accompagne ces mutations. Via le financement de projets de mobilité et de coopération, notamment, le programme offre aux citoyens et aux structures l’opportunité de développer leurs compétences et d’être sensibilisés aux enjeux de la transition écologique. Cécile Bertrand, Ambassadrice Erasmus+, a ainsi témoigné de son expérience de mobilité en Irlande, où elle a effectué un stage dans le domaine des énergies marines renouvelables durant ses études. « J’ai aussi pu bénéficier d’un complément financier Erasmus+ pour avoir choisi de partir en train plutôt qu’en avion », a-t-elle précisé.
Le sociologue Matthieu Hocquelet a quant à lui évoqué le partenariat stratégique GreenSkills4VET auquel le Céreq a participé avec six autres partenaires européens. L’objectif ? « Développer des supports de cours pour une meilleure éducation au développement durable dans le cadre de la formation professionnelle, et ce, dans deux secteurs en particulier : la santé et la logistique. » De son côté, Paul Van Celst, ancien délégué général du RESES (Réseau étudiant pour une société écologique et solidaire), est revenu sur la mise en place d’une Convention étudiante de l’alimentation durable. Financé par le volet Jeunesse du programme Erasmus+, ce projet « a rassemblé 40 étudiants de milieux divers pour les faire travailler ensemble autour des systèmes agroalimentaires. Il s’agissait notamment d’aboutir à une feuille de route, avec des recommandations à destination des députés européens », a-t-il expliqué.
Dans l’enseignement supérieur, Erasmus+ soutient également l’émergence de formations européennes en phase avec les nouveaux besoins, notamment dans le cadre de l’action « Universités européennes » qui vise à renforcer la qualité et la compétitivité de l’enseignement supérieur européen. CIVIS, une alliance qui rassemble 11 universités, s’apprête par exemple à lancer un master conjoint intitulé « Climat, Environnement, Énergie » à la rentrée 2025. Ce master, soutenu au titre des actions préparatoires pour les masters conjoints Erasmus Mundus, « est conçu selon une approche transdisciplinaire, qui permettra de toucher un large périmètre en termes de profils d’étudiants, et donc d’avoir un impact plus fort qu’un programme de niche », a indiqué Eve-Laure Gay, coordinatrice institutionnelle CIVIS.
Lors de la table ronde suivante, les intervenants ont abordé le défi de la réduction de l’impact des mobilités Erasmus+. David Itier, chef d’unité « Stratégies européennes pour l’enseignement supérieur et la recherche » au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a plaidé en faveur d’« une ambition budgétaire forte pour le programme », qui permettrait notamment « d’absorber les surcoûts liés à l’utilisation des mobilités douces ». Soulignant que certains pays — telle la Finlande — sont difficilement accessibles par des moyens de transport à faible émission carbone, Mika Saarinen, directeur d’EDUFI, l’agence nationale Erasmus+ finlandaise, a mis en avant d’autres modalités pour diminuer le coût écologique des mobilités : privilégier le distanciel pour les réunions de préparation et de coordination, limiter la production de goodies, opter pour la consommation de produits locaux lors des repas… « Nous avons mis en place des directives pour nos porteurs de projets », a-t-il déclaré.
Delphine Sauvaget, responsable du SALTO Green, hébergé par l’Agence Erasmus+ France / Éducation Formation a évoqué le rôle de ce centre européen de ressources. « Nous accompagnons les agences nationales Erasmus+ et Corps européen de solidarité afin de les aider à mettre en œuvre une stratégie en interne pour relever les défis posés par le changement climatique. Certaines ont déjà bien avancé, et la publication par la Commission européenne, il y a quelques jours, d’une stratégie visant à implémenter la priorité verte dans le programme Erasmus+ et le Corps européen de solidarité va permettre d’aller encore plus loin », a-t-elle expliqué, tout en précisant que le SALTO Green propose également des outils aux apprenants et aux porteurs de projets. « Nous avons par exemple publié un podcast pour expliquer comment diminuer l’impact des projets — même pour ceux qui ne portent pas directement sur la transition écologique — et publié un recueil de projets », a-t-elle indiqué.
Dans cette optique, le programme peut également s’appuyer sur des projets innovants, à l’instar d’European Volunteers for the Environment. Porté par l’association Pistes Solidaires, il s’adresse à tous les volontaires européens. « Nous avons conçu une application leur permettant, chaque mois, de relever collectivement des défis en lien avec leur quotidien. Notre objectif à présent, est de toucher d’autres publics partout en Europe, par exemple, les étudiants. Le SALTO Green nous a ainsi permis de présenter ce projet aux Green Contact Points des agences Erasmus+ européennes », a indiqué Mathieu Decq, secrétaire général de l’association.
À l’issue de ces échanges, les participants ont pu assister à la remise des Prix européens de l’enseignement innovant, du Label européen des langues et du Label d’excellence des projets de mobilités accrédités. L’événement leur a également offert l’opportunité de faire connaissance et d’échanger. Gageons que ces rencontres et partages d’idées sauront inspirer de nouvelles initiatives Erasmus+ et renforcer les collaborations entre les acteurs déjà engagés, permettant de donner corps aux ambitions environnementales du programme et de l’Union européenne.
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