Les résultats de l’étude, conduite par le cabinet Planète Publique, tendent notamment à démontrer que le programme participe d’une démarche « accélératrice d’engagement ». Les participants ont indiqué, pour 92,5 % d’entre eux, avoir développé leurs capacités à mener un travail en équipe. De même, 86,4 % considèrent que l’expérience leur a permis d’améliorer leurs connaissances des enjeux actuels de la société.
« Produire cette connaissance plus fine sur les projets Erasmus+ “engagement social et citoyen” doit permettre, à terme, de mieux accompagner les porteurs, en prenant en compte la variété des actions mises en œuvre, mais aussi en valorisant des pratiques inspirantes », explique Annabel Vuillier-Cools, conseillère technique à l’Agence Erasmus+ France / Éducation Formation et référente nationale sur la priorité. « Il s’agit aussi d’encourager la reconnaissance des compétences acquises par les participants impliqués dans ces projets », complète-t-elle.
La mise en œuvre de la priorité « Participation à la vie démocratique, valeurs communes et engagement citoyen » fait l’objet d’une stratégie élaborée par l’Agence Erasmus+ France/Éducation Formation. « La réalisation de l’étude s’inscrit dans cette stratégie qui vise à soutenir l’engagement à la citoyenneté européenne active et à valoriser la contribution d’Erasmus+ »,indique la conseillère technique.
« Les projets participants ont été sélectionnés sur la plateforme de projets de la Commission européenne, parmi ceux ayant été coordonnés par des organismes français entre 2018 et 2022 en lien avec des thématiques connexes », détaille Sandrine Courchinoux, chargée d’études et de valorisation à l’agence. 804 projets de mobilité et de coopération intégrant une dimension « engagement sociale et citoyen » ont ainsi été identifiés. Bien que couvrant tous les secteurs éducatifs, deux tiers d’entre eux relèvent du secteur Jeunesse.
304 d’entre eux ont accepté d’être contactés dans le cadre de l’étude et ont répondu à deux questionnaires qui mêlaient approche quantitative et qualitative : le premier questionnaire s’adressait aux coordinateurs des projets (104 réponses) et l’autre aux participants des projets (537 réponses). « Ce travail a été complété par 14 entretiens individuels et collectifs menés auprès de porteurs de projet, et par 3 “focus groups“ réalisés avec des participants » précise Sandrine Courchinoux.
Dans le cadre de l’étude, une typologie des niveaux d’engagement des participants a été établie, en allant du plus réflexif vers le plus actif : « informé », « sensibilisé », « relai », « acteur », « militant », « porte-parole » et « professionnel ». « L’étude nous montre notamment que les participants interrogés étaient déjà fortement engagés. Plutôt qu’une augmentation du niveau d’engagement, la participation au programme a favorisé une diversification des pratiques : 29,4 % des répondants ont évolué dans leurs formes d’engagement et associent cette évolution à Erasmus+ », souligne Sandrine Courchinoux.
Un phénomène corroboré par Jocelyn Parot, secrétaire général de l’association Urgenci, un réseau international rassemblant des petits producteurs et consommateurs, dont le projet « Voices for CSA » (2018-2019) fait l’objet d’une monographie dans l’étude. Celui-ci visait à développer, grâce à des formations en Europe et à un guide, les capacités de plaidoyer des membres du réseau en faveur d’une agriculture locale et solidaire. « Ce projet a été une porte d’entrée pour plusieurs personnes qui ont aujourd’hui des responsabilités au sein d’Urgenci et qui sont devenues des professionnels de nos sujets. Par ailleurs, j’ai récemment rencontré un ancien participant au projet, déjà très engagé à l’époque. Il est à présent responsable du plaidoyer pour un groupement d’agriculteurs biologiques en Allemagne ! », confie-t-il.
La mise en œuvre d’un projet Erasmus+ « engagement social et citoyen » permet également à ses bénéficiaires de mieux connaître l’Europe. « 74,8 % des participants affirment avoir amélioré leurs connaissances de l’UE, de la démocratie et de la vie politique européenne. Ils ont aussi une vision plus positive de l’Europe », pointe Sandrine Courchinoux.
« Nous étions peu actifs au niveau européen. Le projet Voices for CSA nous a permis de nous rendre compte que cet échelon était important et qu’il fallait l’investir. Lors des mobilités à Bruxelles, nous avons pu échanger avec des acteurs syndicaux et politiques, et avec des ONG qui nous ont éclairés sur le fonctionnement des processus décisionnels et sur les modes d’intervention possibles. Aujourd’hui, nous sommes membres de la coalition européenne pour la politique alimentaire. », indique Jocelyn Parot.
Cette étude se distingue par son caractère novateur, à la fois dans le sujet abordé et dans l’approche collaborative qui a permis sa réalisation. « Depuis deux ans, nous travaillons de manière plus rapprochée avec l’Agence Erasmus+ France / Jeunesse & Sport. C’est très vertueux, car nous avons beaucoup à apprendre d’elle sur cette thématique qui figurait depuis quelques années déjà dans les priorités du volet Jeunesse du programme Erasmus+ », s’enthousiasme Annabel Vuillier-Cools, précisant : « Nous avons travaillé de concert à toutes les étapes de la mise en œuvre de l’étude et dans le cadre du comité de pilotage ».
L’étude trouve déjà une résonance au-delà des frontières françaises. « Nous participons au projet PEACE, une “long-term activity“ (LTA) qui est coordonnée par l’agence Erasmus+ italienne et qui vise à stimuler l’engagement et la participation active des acteurs et des bénéficiaires du programme Erasmus+. Les autres agences Erasmus+ participant à ce projet souhaitent que nous partagions les questionnaires créés dans le cadre de l’étude. Cela permettrait d’obtenir des résultats comparables en Europe et d’alimenter le centre européen de ressources SALTO “Participation & information”, hébergé par l’agence Erasmus+ estonienne », conclut Annabel Vuillier-Cools.