Sonia Leroux-Calcagni, enseignante dans la filière Bâtiment & Industrie, propose des mobilités Erasmus+ à des jeunes particulièrement éloignés des opportunités. Outre d’excellentes conditions de stage, elle constate des bénéfices pour les élèves comme pour les enseignants.
Je suis Sonia Leroux-Calcagni, enseignante en CAP et Bac Pro Bâtiment & Industrie, au lycée professionnel Notre-Dame des Vaux (Eure-et-Loir) des Apprentis d’Auteuil. J’organise des mobilités Erasmus+ depuis vingt ans.
Les jeunes qui partent en mobilité sont en général en 2ème année de CAP ou en 1ère Bac pro. Les stages se déroulent sur quatre semaines et correspondent, habituellement, à la première Période de formation en milieu professionnel (PFMP). Avant toute chose, c’est la qualité des stages qui détermine le choix de la destination. Parmi nos dernières destinations figurent Barcelone, en Espagne, ou encore la Pologne, où l’on trouve d’excellentes structures pour le travail du bois.
Douze élèves partent en moyenne chaque année dans la filière Bâtiment-Industrie. Ce sont des jeunes qui se destinent aux métiers de plombier, monteur-installateur thermique, mais aussi menuisier, peintre en bâtiment ou encore mécanicien automobile ou poids lourd. Compte tenu de la spécificité de notre structure, qui œuvre aux côtés de publics souvent très défavorisés, les jeunes sont accompagnés sur place par des enseignants et animateurs, présents par roulement d’une semaine. Les élèves sont en binôme sur leur lieu de stage. Pour partir, chacun doit faire acte de candidature auprès de l’équipe enseignante, avec lettre de motivation et entretien. Nous privilégions les plus méritants, avec un savoir-être qui les aidera à s’adapter à ce nouvel environnement professionnel.

Chez nos élèves, nous constatons un épanouissement personnel indéniable, avec un gain de confiance en eux. L’expérience les conforte dans leur choix de métier et dans leur envie de poursuivre leur formation.
Il faut dire que nos partenaires Erasmus+, ces entreprises qui reçoivent nos jeunes en stage durant plusieurs semaines, sont toujours accueillants. En vingt ans, je n’ai jamais rencontré de professionnels malveillants : chez tous, on retrouve cette volonté de transmission. Nos élèves ont la chance de participer à des chantiers extraordinaires ! Je repense notamment à un partenaire en Pologne, qui avait attendu nos stagiaires pour un projet de restauration d’une commode ayant appartenu à Jean-Paul II.
Du côté des enseignants, le projet Erasmus+ représente à la fois un travail d’équipe et un moment fédérateur dans l’année. Cela impulse une dynamique particulière, offre une bulle d’air dans le temps scolaire. La mobilité crée aussi des liens indéfectibles avec les élèves, même dix ans plus tard lorsqu’ils nous recroisent et évoquent des anecdotes du séjour. Jusqu’ici, je peux dire que concernant le programme Erasmus+, je n’ai pas connu l’échec. Aux Apprentis d’Auteuil, nous avons la chance d’avoir une direction très facilitante, qui nous accompagne dans nos projets.
Oser franchir le pas, parce qu’il n’y a aucun retour négatif, que ce soit de la part des jeunes comme des enseignants ! Même si certains aspects peuvent faire peur et que la charge administrative est réelle, le retour sur investissement se révèle plus que positif. Bien sûr, je n’oublie pas que je bénéficie de la politique Apprentis d’Auteuil, qui permet d’être guidé et serein dans la démarche.
Tout à fait, cette barrière garçon-fille n’existe plus ! Nous comptons tous les ans des jeunes filles dans nos formations. Certes, elles sont moins nombreuses mais elles partent en mobilité de stage de la même manière. Tout se passe très naturellement avec leurs collègues masculins. L’unique spécificité durant la mobilité est la présence d’une référente féminine. Cela fait quatre années d’affilée que j’emmène des jeunes filles en stage, par exemple en peinture ou en mécanique. Cette touche féminine est de plus en plus présente et, pour moi, c’est une question dépassée.
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