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Témoignage

« Nous voulions travailler sur le lien mère-enfant dans un contexte de violences conjugales » 

L’association Solidarité Femmes 13 a mené le projet Erasmus+ Hyphen, en collaboration avec deux associations espagnoles. Ce partenariat simplifié, du secteur de l’éducation des adultes, visait à améliorer la prise en charge du lien mère-enfant dans un contexte de violences. Echange avec Mathilde Rémignon, cheffe de projets au sein de l’association.

Pouvez-vous nous présenter votre association ?

Solidarité femmes 13 est une association créée en 1976, à Marseille. Depuis près de 50 ans, nous accompagnons les femmes victimes de violences conjugales et sexuelles et leurs enfants. Nous intervenons dans les Bouches-du-Rhône, mais appartenons à un réseau national, la FNSF (Fédération nationale solidarité femmes) qui regroupe 83 associations travaillant à l’accompagnement des femmes victimes de violences. Il peut s’agir de violences exercées dans le cadre du couple, actuel ou précédent, ou encore de violences sexuelles en dehors du couple (agression, viol ou inceste).

Notre association accueille environ 3 500 femmes par an et emploie 45 salariés. Basés sur trois sites – Marseille, Aix-en-Provence et Etang-de-Berre, ces salariés assurent des permanences dans plusieurs communes et mènent cinq types d’action. Solidarité femmes 13 assure, tout d’abord, une mission d’accueil, d’écoute, d’accompagnement et d’orientation, gérée par des collègues recevant les femmes (avec ou sans rendez-vous), pour qu’elles puissent raconter leur histoire et être orientées – en interne ou en externe suivant les cas. Nous proposons également des services d’hébergement, d’accès au logement, de psychologie clinique et art thérapie, et enfin de formation et développement qui s’adresse aux professionnels accompagnant les femmes et les enfants.

Quels étaient les objectifs du projet « Hyphen – Restaurer le lien mère-enfant dans un contexte de violences conjugales » ?

Hyphen était le premier projet Erasmus+ que nous coordonnions. Jusqu’ici, nous étions associés à d’autres projets en tant que partenaire. En anglais, hyphen signifie « trait-d’union ». Nous voulions travailler sur le lien mère-enfant dans un contexte de violences au sens large, en approfondissant la question des conséquences des violences sur ce lien. Que faire de cette relation bouleversée par le mécanisme des violences ? Le projet s’est déroulé de septembre 2023 à juin 2024, dans un objectif d’amélioration des pratiques professionnelles.

En France, les enfants sont reconnus victimes de violences conjugales depuis le début des années 2020, alors qu’ils étaient considérés comme témoins auparavant. Cette modification du droit est très importante : dorénavant, même si les violences ne sont pas dirigées contre les enfants, l’impact sur leur développement est pris en compte. Nous avons dès lors créé un lieu d’accueil pour favoriser le lien mère-enfant. Le projet Hyphen était destiné à approfondir la démarche clinique que nous y avons développée grâce à des activités de recherche-action, qui consistent à mener en parallèle l’acquisition de connaissances et la réalisation d’actions concrètes sur le terrain.

Deux structures espagnoles étaient partenaires du projet. Pourquoi les avoir choisies et quelles ont été leurs plus-values ?

Quoi de mieux que de s’associer à l’Espagne, figure de proue de la lutte féministe ? La législation française s’inspire, avec 10 années de retard, de ce que font nos voisins espagnols, où le nombre de femmes victimes de violences a beaucoup baissé. J’ai donc contacté l’association Demeter por la igualdad, située à Malaga, que nous connaissions grâce à un autre projet. Elle dispose de plus de 15 ans d’expérience clinique et associe de nombreux psychologues qui travaillent sur la prise en charge des enfants. En Espagne, les psychologues n’ont pas le même profil qu’en France, ce qui a favorisé une complémentarité dans les approches de l’accompagnement.

Egeria desarrollo Social est la seconde association espagnole impliquée. Nous l’avons choisie pour son expertise sur l’analyse socio-juridique ; elle a apporté une lecture sociologique des politiques en matière de féminisme. Ce partenariat international était vraiment primordial : sans ces associations espagnoles, nous n’aurions pas pu mener à bien le projet.

Deux productions ont vu le jour dans le cadre du projet. Quelles sont-elles et à qui s’adressent-elles ?

Nous avons créé deux livrables à l’attention des professionnels accompagnant les mères et enfants victimes de violences. Le premier est un article de recherche-action coécrit par nos trois associations. Il s’agit d’un livret d’une quarantaine de pages portant sur les enjeux et la clinique. Traduit en anglais, espagnol et français, il formule des recommandations et présente des bonnes pratiques. Le deuxième livrable, également disponible dans les trois langues, est un module d’une durée d’une demi-journée qui forme aux signaux à repérer, aux orientations à émettre, ou encore aux biais à identifier.

Votre projet a été reconnu « Bonne pratique » en 2024. Comment avez-vous reçu cette labellisation ?

Nous avons éprouvé de la joie et de la fierté en apprenant que notre projet était reconnu « Bonne pratique ». Cette labellisation représente une source de confiance et de motivation : c’était la première fois que nous nous lancions en tant que coordinateur, et même s’il s’agissait d’un partenariat « simplifié », c’était un challenge. L’équipe a su mettre en place différents outils de gestion de projet et cette expérience nous a conforté dans notre capacité à gérer des projets d’envergure.

L’aventure nous a portés et donné envie de continuer. C’est pourquoi nous avons récemment lancé un nouveau projet Erasmus+ intitulé « WE SAFE – Women Employability & Social Accommodation for Empowerment ». D’une durée de 18 mois, il vise à partager des pratiques autour de l’insertion professionnelle et de l’hébergement. Nous le conduisons aux côtés de deux partenaires. Le premier est Lazarelle, une structure basée à Naples, en Italie, qui travaille sur l’insertion des femmes sortant de prison, où les violences sont nombreuses. Lazarelle a notamment mis en place un café de réinsertion, qui emploie des femmes à leur sortie de détention.

Le deuxième partenaire du projet est Solidarité femmes, localisé en Belgique, à La Louvière. L’association offre un accompagnement similaire au nôtre, mais avec une expertise sur l’insertion professionnelle. En attaquant l’estime de soi et en générant du stress, les violences ont indéniablement des conséquences sur la vie professionnelle des victimes. Cette coopération va nous permettre d’apporter des réponses à la réflexion que nous menons autour de l’accompagnement à la remobilisation professionnelle.

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