Luttant contre l’implantation de la mafia en France et en Europe, l’association Crim’HALT participe au programme Erasmus+ depuis 2018, en organisant des mobilités en Italie destinées à renforcer les connaissances et compétences nécessaires pour faire obstacle au crime organisé. Elle reçoit le Prix européen de l’enseignement innovant 2025 dans la catégorie Éducation des adultes.
Titre du projet : ECOPASS — réseau européen contre le crime organisé et la promotion d’alternatives sociales Porteur de projet : Crim’HALT, à Saint-Leu-la-Forêt (Île-de-France) Secteur : Éducation des adultes Action : Projet de mobilité de courte durée Durée du projet : 18 mois (du 01/06/2023 au 30/11/2024) Subventions Erasmus+ : 52 860 € Pays partenaire : Italie Fiche du projet sur la plateforme européenne | ![]() |
Association à but non lucratif fondée en 2014, Crim’HALT s’est fixé pour mission de mobiliser les citoyens et de renforcer leur capacité d’action contre le crime organisé. Dans ce cadre, elle met régulièrement en œuvre des mobilités Erasmus+ vers l’Italie, où la législation et les pratiques antimafias sont historiquement plus développées qu’en France. Destinées aux apprenants et personnels de l’éducation des adultes, ces mobilités offrent à des citoyens et/ou représentants du monde l’ESS l’occasion de se former et d’échanger avec des acteurs locaux. La sixième mobilité de Crim’HALT, organisée au printemps 2024, a ainsi conduit les participants dans la ville de Casal di Principe, ancien fief de la Camorra et symbole de la résistance citoyenne au crime organisé.
Issus pour la plupart de collectifs antimafia et d’associations corses et marseillaises, les 27 participants comptaient de nombreux proches de victimes françaises. Pendant une semaine, ils ont notamment rencontré des familles italiennes endeuillées, approfondissant leur connaissance du statut de « victime innocente » de la mafia, qui en Italie ouvre l’accès à certains droits spécifiques. Le programme comprenait également des visites de biens confisqués à la mafia, aujourd’hui affectés à des usages d’intérêt général par des acteurs publics, associations ou coopératives. Sur des fonds hors Erasmus+, des journalistes ont également accompagné le déplacement et approfondi leur connaissance du sujet. Cette mobilité, marquée par des moments forts, s’est articulée autour de deux grands événements : la commémoration des trente ans de l’assassinat du prêtre Don Peppe Diana à Casal di Principe, qui a marqué un tournant dans la mobilisation locale, et la grande marche organisée à Rome pour la Journée nationale de la mémoire et de l’engagement en hommage aux 1 000 victimes innocentes de la mafia.
Ce projet, qui a permis de démontrer que la défense de la mémoire des victimes est un outil d’engagement citoyen pour faire reculer la mafia, a bénéficié de fortes retombées médiatiques, dont un podcast diffusé sur France Culture. Il s’est également prolongé par des rassemblements à Marseille et à Paris, puis par une conférence en septembre 2024. À la suite de leur mobilité, les familles de victimes participantes sont mieux outillées pour dialoguer avec les pouvoirs publics et les élus locaux, et peuvent s’appuyer sur l’exemple italien pour solliciter aides, indemnisations ou relogements. L’association Crim’HALT, quant à elle, a pu enrichir son plaidoyer. Cela lui a, par exemple, permis d’obtenir des avancées dans le cadre de la loi « narcotrafic », adoptée en avril 2025. Détentrice d’une accréditation Erasmus+ depuis 2024, elle continue de miser sur le dialogue européen et a, depuis, organisé une septième mobilité à Gênes sur le thème du logement social et solidaire dans les biens confisqués à la mafia.
Éducation des adultesMobilitésCitoyenneté / Culture / PatrimoineInternationalisation« Être lauréat du Prix européen de l’enseignement innovant est une immense fierté. Erasmus+ a changé la donne pour Crim’HALT, car nos projets ont permis de faire venir à nous des gens venus d’horizons différents, ce qui nous a rendus plus forts. Je pense notamment aux acteurs du logement social qui, initialement, étaient peu sensibilisés à la question du crime organisé, et dont l’appui a ensuite été déterminant pour faire avancer notre combat. Cela a également contribué à renforcer les liens entre les familles de victimes françaises, en dépit d’origines géographiques ou sociales diverses. Enfin, à titre personnel, c’est aussi très gratifiant. Parmi mes nombreuses casquettes, j’enseigne la géopolitique des criminalités à Sciences Po Paris et à l’école HEIP. Transmettre est ma passion, et c’est pourquoi je suis sensible au fait que notre association soit récompensée par un prix de l’enseignement. »
Fabrice Rizzoli, co-fondateur et président de Crim’HALT