Développer la culture numérique des enseignants et l’autonomie des apprenants dans l’apprentissage des langues

Un essor des pratiques d’apprentissage numérique

En réponse aux restrictions sanitaires imposées par la pandémie de COVID-19, le recours aux pratiques numériques d’apprentissage a connu un développement sans précédent. Celles-ci ont cependant montré leurs limites en matière d’enseignement des langues. En effet, elles n’offrent pas le niveau d’interactions nécessaire pour progresser efficacement. Dans le même temps, les étudiants se sont davantage tournés vers des formes d’apprentissage informel pour continuer à pratiquer (comme regarder une série, lire ou écouter du contenu en VO).

Face à ces constats, le projet DIAL4U, auquel ont participé 8 universités européennes issues de 8 pays, visait à développer des approches innovantes et des outils pour améliorer l’enseignement et l’apprentissage en ligne dans le domaine des langues. DIAL4U aspirait également à élargir la culture numérique des formateurs et, surtout, à permettre la reconnaissance des compétences et aptitudes acquises par les apprenants dans des contextes informels.

Des productions complémentaires

Les partenaires ont travaillé ensemble autour de productions complémentaires, comme une base de données des outils numériques destinée aux enseignants souhaitant enrichir leurs pratiques pédagogiques en ligne, et un guide interactif pour accompagner les étudiants dans l’apprentissage des langues en contexte digital. Ils ont également mis en place un dispositif d’open badges permettant de valoriser les apports des activités informelles pratiquées par les apprenants en dehors des cours.

Les productions ont été testées par des enseignants et étudiants des universités partenaires, à l’occasion de rencontres organisées en Espagne et en Roumanie, et ayant rassemblé une quarantaine de personnes chacune.

Plus de 1000 open badges validés

Les universités partenaires ont aujourd’hui déployé en interne les outils et ressources produits. Ils en observent par ailleurs les usages, dans la perspective de les mettre à jour et de les développer. Cette année, l’Université de Lille a par exemple testé l’utilisation des open badges auprès de ses étudiants durant un semestre. Le dispositif a remporté un certain succès auprès des jeunes, puisqu’ils sont plus de 1 000 à avoir demandé et validé des open badges.

Alors que les partenaires continuent de disséminer les résultats du projet dans le cadre des différents congrès et événements auxquels ils participent partout en Europe, des réflexions sont en cours autour d’un nouveau projet européen dans la continuité de DIAL4U. Celui-ci pourrait prendre en compte l’émergence de l’intelligence artificielle et ses possibles utilisations dans le cadre de l’apprentissage des langues.

TÉMOIGNAGE

« La première vertu des open badges, c’est d’encourager les étudiants à prendre conscience des bénéfices des différentes activités qu’ils pratiquent sans se rendre compte de leur potentiel. En somme, de rendre visible ce qui était auparavant invisible. Ce système les fait réfléchir, les pousse à mieux connaître leur façon d’apprendre et à faire des choix stratégiques en conséquence. Par l’octroi de badges motivationnels, notre institution met en place un partenariat avec les étudiants, démontrant qu’elle reconnaît et accorde de l’importance à ces apprentissages. À terme, l’idée est de faire d’eux des apprenants informés qui pourront, toute leur vie, poursuivre le chemin engagé avec ces outils. »

Annick Rivens Mompean, professeure des universités en didactique des langues à l’Université de Lille