Découvrir des outils européens pour réconcilier les jeunes avec l’école

Des élèves absents et « invisibles »

Depuis des années, le Collège Georges Cuvier de Fécamp (Seine-Maritime), situé en réseau d’éducation prioritaire (REP), fait le constat d’un fort décrochage parmi ses élèves. Ce phénomène s’est encore accentué avec la crise de la Covid et le taux d’absentéisme en classe de 3^ème a atteint 25 % durant l’année scolaire 2021-2022. Un chiffre auquel s’ajoutait celui des élèves « invisibles », c’est-à-dire les jeunes passifs durant les cours. L’établissement a donc mis en œuvre un projet européen de mobilité afin de former ses personnels (enseignants, assistants d’éducation, AESH…) et leur permettre de découvrir des outils mis en place en Europe pour favoriser l’accrochage scolaire.

Des bonnes pratiques et dispositifs européens inspirants

Six personnels ont suivi une formation à Palerme (Italie), sur la thématique « Prévenir les conflits et lutter contre le décrochage scolaire », au cours de laquelle ils ont pu partager leur expérience avec des collègues grecs, roumains et italiens. Le projet s’est également concrétisé par l’organisation de trois stages d’observation de cinq jours, représentant 12 mobilités au total.

Accueillis par un collège de Virum (Danemark), les participants ont découvert la grande autonomie laissée aux élèves dans leurs apprentissages, ainsi qu’une organisation de l’espace propice à leur bien-être, avec de nombreux lieux d’échanges aménagés dans l’établissement. À Tournai (Belgique), ils ont rencontré les parties prenantes d’un autre projet Erasmus+ sur le décrochage, Atoms&co (2017-2019), qui visait à créer des alliances éducatives entre familles et enseignants. L’occasion de se familiariser avec différents dispositifs mis en place dans le pays, en particulier les SAS (Services d’Accrochage Scolaire) qui offrent aide sociale, éducative et pédagogique aux jeunes en difficulté.

La dernière étape du projet, à Bologne (Italie), a offert l’opportunité d’échanger avec d’autres partenaires d’Atoms&co, dont un enseignant-chercheur ayant dirigé des travaux sur la mise en place des SAS dans la ville, laquelle pilote aujourd’hui le dispositif.

Une dynamique à l’œuvre

Avant même la fin du projet, deux enseignants du Collège Georges Cuvier ont passé un Certificat de professionnalisation en matière de lutte contre le décrochage scolaire (CPLDS), tandis qu’un groupe de prévention du décrochage scolaire (GPDS) a été mis en place dans l’établissement. Après l’expérimentation d’ateliers centrés sur l’estime de soi au profit d’élèves de 3^ème en risque de décrochage, l’équipe pédagogique a travaillé avec un groupe d’élèves de 4^ème sur la question de l’orientation en leur proposant d’aller découvrir sur le terrain des entreprises et des formations. Un accompagnement des élèves de 6^ème devrait suivre et associer les familles, tandis qu’une réflexion est en cours sur le réaménagement de l’espace scolaire.

TÉMOIGNAGE

« En plus de nous avoir permis d’échanger avec différents organismes européens, la démarche nous a également conduit à prendre connaissance des dispositifs existant en France. Nous avons aujourd’hui une vision plus large des possibilités qui s’offrent à nous. C’est très motivant !»

Coralie Fleury, professeure de mathématiques et référente « décrochage scolaire » au Collège Georges Cuvier

« En Italie notamment, nous avons observé des pratiques d’établissements sur la thématique de la mobilité des élèves, qui est un autre levier pour lutter contre le décrochage. À moyen terme, nous avons pour projet de développer cet axe, afin de développer l’ouverture de nos jeunes. »

Laurent Levasseur, professeur de sciences physiques et référent « décrochage scolaire » au Collège Georges Cuvier

« Ce projet vient profondément requestionner le fonctionnement de notre collège. Il a déjà permis de faire évoluer beaucoup de choses en peu de temps. Aujourd’hui, on peut dire qu’il est intégré à notre projet d’établissement. »

Chloé Offret-Melot, principale adjointe du Collège Georges Cuvier